La Montagne de vêtements dans le désert d'Atacama

La montagne de vêtements du désert d'Atacama, un phénomène intrigant et méconnu. Des tonnes de textiles s'accumulent chaque année, créant des opportunités économiques mais aussi des défis environnementaux et sociaux.

La Montagne de vêtements dans le désert d'Atacama
Une femme dans la "montagne" de vêtements

Dans le nord du Chili, pays d'Amérique du Sud, se trouve le désert d'Atacama, réputé comme le désert le plus aride du monde. Les précipitations y sont extrêmement rares, ne survenant que quelques fois par décennie. Toutefois, lorsque la pluie se manifeste, le désert se transforme en un spectacle étonnant, recouvert de plantes et de fleurs. Outre sa beauté naturelle, la région est également célèbre pour abriter certains des plus grands télescopes du monde, grâce à un ciel d'une pureté exceptionnelle permettant d'observer la Voie lactée à l'œil nu.

Pourtant, loin de cette description idyllique, à la périphérie d'Iquique, la capitale de la région d'Atacama, se trouve une autre merveille du monde : la montagne de vêtements.
Depuis plusieurs décennies, le Chili est devenu le plus grand importateur sud-américain de vêtements de seconde main. Chaque année, plusieurs dizaines de milliers de tonnes de vêtements arrivent dans le port d'Iquique, contribuant ainsi à l'économie de cette région pauvre. Cette industrie, bien que lucrative, soulève également des questions environnementales et sociales.

On estime que 39 000 tonnes de vêtements y sont représentées. Un Français a en moyenne 30 kg de vêtements chez lui. Ainsi, la montagne contient assez de vêtements pour vêtir 1 300 000 personnes.

Au cœur de cette activité, les habitants du quartier de La Pampa, voisine de la montagne de vêtements, observent quotidiennement les camions déverser des monticules de textiles sur le sol. Dans l'après-midi, sous un soleil implacable et des températures avoisinant les 40 degrés, les riverains s'activent. Ils sont les propriétaires de boutiques de vêtements en centre-ville et passent des heures à fouiller parmi les montagnes de textiles à la recherche de pièces revendables. Des marques bien connues telles que H&M, Zara, Adidas ou Nike sont toutes disponibles pour ceux qui prennent le temps de chercher...

Impact environnemental et social

Cependant, derrière la façade commerciale de cette industrie, se cachent des réalités moins reluisantes. Les conditions de travail souvent difficiles auxquelles sont confrontés ces chercheurs de trésors sont rarement évoquées. La chaleur écrasante, le risque de blessures et la précarité des revenus font partie intégrante de leur quotidien. De plus, l'impact environnemental de cette industrie est indéniable. Les déchets textiles et la pollution causée par les produits chimiques utilisés dans le traitement des vêtements posent des défis considérables pour la région.

Les vêtements non recyclés se retrouvent brûlés à l'air libre, dégageant ainsi des polluants atmosphériques tels que des gaz à effet de serre ou des particules fines. Les colorants ou les retardateurs de flamme contenus dans les textiles produisent, une fois enflammés, des émissions toxiques. De plus, ces combustions ont un impact sur la qualité du sol et de l'eau. Des métaux lourds sont ainsi retrouvés dans l'eau.

Malgré ces défis, l'industrie de la montagne de vêtements continue de prospérer, offrant des opportunités économiques pour certains et suscitant des inquiétudes pour d'autres. Face à ces enjeux, la région d'Atacama est confrontée à des choix cruciaux quant à la manière de gérer cette industrie de manière plus durable et équitable à l'avenir. La transition vers une économie circulaire et le renforcement des normes environnementales et sociales pourraient être des pistes à explorer pour concilier développement économique et préservation de l'environnement dans cette région unique au monde.